Eh bien non ! rien n'est fini ! le jardin continue à offrir ses fruits. Mais aussi, un peu plus de temps. Les légumes restants sont moins pressés. Et puis, il m'a fallu aussi imposer une pause à mon esprit malmené, inquiet, stressé. Lui commander d'arrêter sa course effrenée. Fermement. Déposer les armes, s'abandonner. Décider de ne voir les projets que de l'heure qui vient, et pas au delà. C'est épuisant de voir que, jusqu'à l'horizon, il y a à faire... Les conserves, nettoyer le jardin, tailler les arbres, fabriquer le tableau noir des petites, ce petit berceau de poupée dont je rêve, repeindre leur petite commode, coudre des panchos pour jouer dehors les fins d'après midis, et coudre aussi les choses de Noël, ... à part me démoraliser devant ce monceau de travail, ça n'avance à rien de voir si loin. Alors je musèle mon esprit à n'avancer qu'heure par heure. Je lui mets des oeillères pour ne rien voir d'autres que l'heure qui vient. Comme les chevaux de mon enfance, qui n'avaient pas la possibilité de voir autre chose que le sol qu'ils labouraient.